Nada Loutfi, musicienne jusqu’au bout des doigts

Article by, Agenda Culture

Nada Loutfi, musicienne jusqu’au bout des doigts

Nada Loutfi est la seule femme libanaise ayant décroché le premier prix de piano du Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Les deux autres Libanais titulaires de cette rarissime et convoitée récompense sont Abdel Rahman el-Bacha et Zad Moultaka. Vivant aux Etats-Unis où elle poursuit une carrière de concertiste et où elle anime une émission de radio consacrée au piano, Nada parle à l’Agenda Culturel de son envie de se ’’reconnecter’’ à son pays d’origine, le Liban et à la seconde patrie des Libanais, la France. De passage à Paris où elle donne un récital consacré à la musique romantique allemande, Nada Loutfi répond aux questions de l’Agenda Culturel.

Après de longues années d’exil, voudriez- vous opérer un ’’retour aux sources’ ?Oui, je donne régulièrement des récitals aux Etats-Unis et je me produis également avec des orchestres, ainsi qu’en formation de musique de chambre et j’accompagne même des chanteurs Aujourd’hui, après la sortie de mon disque consacré à des pièces de Johannes Brahms et fort bien reçu par la critique américaine et par le public, et à la veille de la sortie des deux suivants, je voudrais me produire au Liban. C’est sans doute un sentiment partagé par les artistes qui vivent à l’étranger, l’envie de ‘’rentrer à la maison’’.

La presse américaine a comparé votre jeu à celui de Clara Haskil ou Samson François, comment se fait-il que les mélomanes libanais vous connaissent si peu ? C’est probablement dû à l’éclatement de la société libanaise au moment de la guerre du Liban. Beaucoup de Libanais ont réussi individuellement, sur le plan professionnel ou artistique dans les pays qui les ont accueillis. Parfois la mère patrie n’en est même pas consciente !

Votre émission ‘Classical Hour’ est devenue un rendez-vous incontournable des mélomanes du Kentucky où vous vivez. Quel est en est le principe ? Oui c’est une émission où ‘’je parle musique’’ et qui se déroule tous les dimanches en direct. J’y reçois des interprètes, j’y fais écouter des pièces du grand répertoire et une fois par mois, les auditeurs peuvent entendre un concert en direct.

Vous êtes surtout réputée pour vos interprétations de Brahms (notamment les deux concertos) et de l’époque romantique,mais connaissez-vous le patrimoine musical libanais ?
Bien sûr ! J’ai créé à Paris Waves du grand Bechara El-Khoury, et j’ai également à mon répertoire des pièces de Boghos Gelalian et Elias Rahbani. J’ai entendu dire qu’Abdel Rahman el-Bacha composait de la musique pour piano et j’aimerais bien pouvoir l’interpréter également !

Alors espérons que les programmateurs libanais vous entendent et réparent ce manque !
J’aimerais beaucoup me produire avec l’Orchestre philharmonique du Liban dont je sais qu’il est absolument excellent, mais également en récital.

Propos recueillis par Zeina Saleh Kayali